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Roadtrip en van aménagé en Italie
29 août 2020

Partie 3: L'échappée belle ou l'immersion dans l'Italie sans touristes

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Et voilà, nous roulons vers l'inconnu, encore plus inconnu que le début du voyage parce-que je ne sais vraiment pas où nous allons dormir, l'itinéraire que nous emprunterons et ce que nous allons découvrir. J'avais vaguement mis le parc des Abruzzes sur notre itinéraire avant le départ mais sans m'attarder, comme un objetcif lointain et incertain.

Notre première halte, histoire de faire quelques provisions et surtout de manger notre glace du jour, parce-que vraiment, ça n'est pas négociable, sera Benevento. Mon fils ainé, pour qui la géographie est avant tout une histoire de clubs de foot, m'informe qu'il y a un club dans cette ville. Je l'imagine donc grande malgré sa position: Au sud du centre ou au centre du sud je n'ai pas encore décidé.

Nous arrivons donc à Benevento. Comme souvent, les abords de la ville sont peu engageants. Mais en pénétrant dans le centre nous découvrons une très jolie ville, paisible. Nous nous garons à proximité d'un immense parc arboré, magnifique. Nous marchons dans la ville à la recherche du glacier choisi par mon fils. Et là, c'est un sentiment étrange que nous ressentons tous les quatre: la ville semble endormie, vide, il n'y a personne mais au-delà de cette absence de monde c'est l'absence de vie que nous perçevons.

Nous mangeons notre glace, appréciant le calme après la foule de la côte amalfitaine qui nous semble si loin, un autre monde!

Nous achetons de quoi nous nourrir et prenons de nouveau la route vers le lieu que je viens de repérer sur P4N. Mes enfants se moquent de mes plans parfois hasardeux. Nous roulons, les collines succèdent aux plaines, puis les montagnes aux collines. Le paysage me plait de plus en plus. Je me sens à ma place, alignée, heureuse. Je suis confiante. Il n'y a personne sur les petites routes que nous empruntons.

Nous arrivons en fin d'après-midi au Lac de Matèse. Juste avant d'arriver, nous achetons une énorme scamorzza, du pain et un "salame". Nous ne mourrons ni de faim ni de soif durant ce voyage!

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Nous découvrons le lac, c'est beau, vraiment beau, des étendues sauvages, des chevaux en liberté, un air d'Ecosse au milieu de l'Italie. Les montagnes nous entourent. Cette fois je crois que j'ai trouvé un lieu qui va nous enchanter. Une fontaine nous permet de renflouer les réserves au maximum. Nous choisissons ensemble et à l'unanimité, notre coin pour la nuit.

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Nous nous installons et ma fille et moi partons marcher un peu, à la rencontre des chevaux. Ce lieu est vraiment apaisant, il y a quelques campeurs mais vraiment ce n'est rien au regard de l'espace qui nous entoure. Nous passons une belle soirée. Et au petit matin, avant que le soleil ne se lève, je pars courir, seule dans la brume. Magique.

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Une fois les enfants réveillés nous discutons un peu de la journée, et surtout hésitons: allons-nous passer une seconde nuit ici ou avançons-nous un peu ? Nous ne décidons pas, on verra bien! je crois que c'est ça la liberté: de pouvoir choisir quel chemin prendre et quand le prendre, en sachant que quelque soit le choix, il sera bon.

Nous partons à la découverte des environs et arrivons au village de Lettino. Tout petit village surplombant le lac du même nom. Je me gare devant une maisonnette ou une femme est en train de nourrir des dizaines de chats dont deux chatons.

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Ma fille est toute excitée et s'approche des chats. Je commence à discuter avec la femme qui, je dois bien le dire, parle un dialecte que j'ai un peu de mal à décrypter. Je crois comprendre que non loin coule une source. Elle rentre chez elle et ressort une seconde après en me montrant fièrement deux bouteilles d'eau minérales "Lette" dont je comprends que l'eau provient de cette source. J'aimerais qu'elle m'explique où je peux la trouver mais d'un geste de la main elle me fait comprendre que c'est trop compliqué à expliquer. Qu'importe! Je lui demande si nous pouvons aller nager dans le lac mais elle m'explique que c'est très dangereux et que quatre personnes sont mortes. Un peu dubitative je tente malgré tout une approche et je comprends ce qu'elle voulait dire en touchant le sol: on dirait des sables mouvants. Alors nous repartons à la recherche de notre lieu de pique-nique. Nous sortons de la route principale une première fois. Mauvaise pioche. Mais la seconde est la bonne: nous arrivons près d'une voiture dans laquelle je vois rentrer deux hommes chargés de bouteilles d'eau fraichement remplies: nous avons trouvé la source! Je suis reconnaissante aux planètes qui parfois semblent s'aligner parfaitement. Nous pique-niquons près de la source et buvons avec joie cette eau fraîche.

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Il est temps de décider ce que nous allons faire: retourner au lac de Matese ou continuer notre chemin. Nous décidons de continuer car il est tôt. Nous avançons vers le lac de Barrea. Les paysages sont toujours aussi jolis. Nous parvenons à Barrea, village qui une fois encore surplombe le lac du même nom. Nous allons faire le tour du village. L'ambiance est toujours aussi joyeuse. Nous apprenons que le parc des Abruzzes abrite une colonie d'ours et quelques loups.

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Nous partons à la recherche d'un endroit ou poser notre van pour la nuit, autour du lac. Peine perdue: il y a beaucoup, beaucoup de monde et aucun endroit tranquille. Alors d'un commun accord nous continuons notre chemin en direction des montagnes. C'est finalement en haut du col qui mène à Scano que nous nous posons. L'endroit est vraiment beau. Nous sommes entourés de montagnes. Nous allons prendre un verre dans un bar, achetons un fromage absolument terrible et partons marcher un peu. Nous décidons de faire un concours de chant arbitré par mon fils cadet. Moment de bonheur pur: les marcheurs nous voient pouffer de rire en chantant cette horrible chanson d'Arouf Gangsta "ahhaaa".

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Nous nous installons ensuite pour dîner. Nous discutons de la présence des ours et des loups autour de nous. Mon fils cadet n'ayant pas peur choisit de dormir dans la tente. Son frère et sa petite soeur sont inquiets et me disent que je ne devrais pas le laisser dormir dans la tente. Pendant que je prépare un risotto au pecorino, je tombe en rade de gaz. Un peu contrariée je finis par écouter mes enfants: ça n'a aucune importance. Nous nous adaptons, une fois encore, et à la fin du pique-nique improvisé les enfants testent le risotto qui a fini de cuire seul, sans gaz, c'est pas mauvais.

Nous nous endormons vite, il fait drôlement frais. A 2h du matin, tous les chiens des environs se mettent à aboyer, tous. Je repense aux loups et aux ours. Je regarde par la fenêtre du van: la petite veilleuse de la tente est allumée. Alors j'appelle doucement mon fils et lui demande de me rejoindre, il arrive et je me sens rassurée. Nous terminons la nuit tous les quatre dans le van. Le lever de soleil est magnifique. Nous repartons tranquillement après avoir pris le petit-déjeuner dans le bar situé tout près. Nous faisons une petite halte au lac de Scano dans lequel je me baigne. Mon fils ainé me dit qu'il a envie d'aller voir la côte Adriatique, alors soit, allons-y ! Nous sommes libres.

Je décide que nous ferons halte à midi à Sulmona, petite ville réputée pour ses bouquets de dragées. C'est toujours dans une ambiance légère que nous roulons. Nous arrivons à Sulmona dans la matinée. Nous nous promenons dans les rues, achetons quelques bouquets pour les offrir et choisissons un restaurant pour déjeuner puisque nous n'avons plus de gaz. Nous nous régalons de pâtes aux saveurs et aux formes variées.

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Puis nous reprenons la route en direction de la mer adriatique. Lors de notre petit-déjeuner, le patron du bar nous avait conseillé d'éviter Pescara et d'aller plutôt vers Atri. Nous l'écoutons nous dirigeons vers la mer. Nous roulons et nous arrêtons un peu au hasard dans une ville non loin d'Atri. Ce n'est pas très joli, mais nous filons nous baigner. l'eau est chaude, vraiment très chaude. Je regarde sur google maps et montre aux enfants que face à nous, il y a la Croatie.

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Puis nous partons pour Atri à la recherche de deux choses essentielles: un glacier et une laverie. Nous trouvons les deux et c'est sereins que nous partons à la recherche de notre spot pour la nuit. Atri est une petite ville au milieu de la campagne avec une vue incroyable sur la mer, les collines où les vignes s'étalent à perte de vue. C'est vraiment beau, aussi beau que la Toscane avec la mer en prime.

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Je regarde sur P4N, je repère un petit coin qui semble chouette mais en arrivant devant, nous constatons que si la vue est belle, l'endroit est trop habité. Alors nous continuons et je décide d'emprunter une petite route qui semble jolie. Commence alors l'heure la plus stressante de ce voyage. La vue est incroyable: nous sommes au milieu des calanques d'Atri, c'est beau. mais cette route est de plus en plus étroite, je ne suis pas vraiment rassurée. Aucun moyen de faire demi-tour, il faut avancer. Je regarde sur MAPS: il y a une issue. Alors j'avance, doucement. Nous chantons en boucle la fameuse chanson de nos vacances, ahahhahah...

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Enfin nous retrouvons la route, la vraie. Je suis soulagée, tellement. Mon fils ainé me dit qu'il racontera tout ça à ses enfants plus tard, leur parlera de leur grand-mère un peu timbrée. Nous trouvons un endroit pour dormir, près de la route, les petits sentiers c'est fini pour aujourd'hui. L'heure de l'apéritif est arrivée. J'apprécie vraiment mon verre de vin ce soir. Nous dînons en regardant le soleil se coucher sur les collines. C'est vraiment beau.

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Après une nuit de sommeil rendue difficile à cause de la chaleur, nous partons prendre le petit-déjeuner à Atri. La ville s'éveille doucement. Mes tentatives de rechargement en gaz resteront vaines, le système n'est pas le même qu'en France et trouver une bouteille de gaz dans la campagne italienne est illusoire. Tant pis pour mon café du matin, tant pis pour les pâtes, je suis assez déçue mais il y a bien plus grave.

Nous prenons la route en direction du parc de Grand Sasso, prochaine étape de notre voyage. Il nous faut nous ravitailler en eau et en nourriture. Nous trouvons une fontaine dans un petit village, comme à chaque fois. Un monsieur un peu bizarre nous scrute tandis que nous remplissons nos bouteilles et jerrican.

Nous nous enfonçons dans des gorges, prémices aux montagnes du parc national. Nous nous arrêtons dans une petite épicerie en bord de route pour acheter de quoi manger: fromage, fruits, charcuterie, gâteaux, bière et prosecco. Puis nous avançons. J'ai repéré sur P4N un lac, encore un, le lac de Campotosto. Nous y arrivons en fin de matinée. C'est un immense lac artificiel autour duquel les italiens viennent pique-niquer, camper, bivouaquer et profiter d'une relative fraîcheur. Nous finissons par nous poser sur la rive opposée. Nous déjeunons tranquillement avant de descendre sur les bords du lac nous baigner. Nous sommes seuls sur la plage. C'est calme, étrangement calme, un peu inquiétant même. Une fois encore, nous avons le sentiment, comme souvent depuis que nous avons quitté la côte, d'être les rares touristes étrangers dans la région. L'eau est fraîche. J'imagine un instant pouvoir faire une petite sieste mais c'est sans compter les trois monstres qui m'entourent. Peu importe, j'ai de l'énergie.

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Je cherche un endroit pour passer la nuit sur P4N et je tombe sur un agritourisme qui semble accueillant. Nous reprenons donc la route en milieu d'après-midi. les enfants me rappellent que nous n'avons pas encore mangé notre glace du jour. Je regarde sur la carte: nous la prendrons à Amatrice. Enfin, c'est ce que je croyais...

Nous montons doucement, au loin des habitations, un village, des maisons détruites, des questions. je sais que l'Italie a été touchée par plusieurs seismes au cours des dernières années. Puis nous arrivons à Amatrice. Sur la gauche, des sortes de bungalows alignés. Mon fils ainé me fait remarquer que c'est étrange comme lieu pour établir un camping. Sur la droite, une sorte de centre commercial fait d'algécos. Et ensuite, l'horreur: des maisons détruites, partout, tout autour de nous. Il n'y aura pas de glace à Amatrice. Je suis perturbée. Nous continuons notre route vers l'agritourisme. La route principale qui est supposée passée par un village est fermée. Le village est inaccessible. Nous poursuivons et de nouveau, ces alignements de maisonnettes identiques. L'ambiance est pesante, vraiment on sent une sorte de désolation dans l'air. Nous la perçevons tous à tel point que ma fille qui dormait lors de notre passage dans Amatrice, à son réveil, nous dit qu'elle se sent mal, angoissée. L'agritourisme est situé en haut de cette route, nous ne nous y sentons pas bien alors d'un commun accord nous repartons, certains de trouver, comme toujours, une solution.

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Je regarde vite fait sur P4N et me décide pour un lieu en pleine nature. Nous montons, traversons un nouveau village dévasté. Je me sens emplie d'une profonde tristesse. Nous sommes le 23 août 2020, partout des panneaux nous indiquant que demain, le 24, cela fera quatre années qu'un terrible seisme a frappé la région. Plus de 350 morts. Des villages dévastés. Des promesses. Puis l'abandon. Nous arrivons au lieu indiqué par P4N plombés. Mais c'est vraiment joli alors nous nous arrêtons. Avec ma fille nous partons ramasser des mûres, il y en a partout. Une fontaine nous permet de nous ravitailler.

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Nous mangeons tranquillement et la nuit est agréable, il fait bon. Au petit matin je vais marcher un peu et je croise un homme qui me raconte. Il vient d'un des petits villages du coin. 50 personnes ont péri. Le village n'a pas été reconstruit. Il n'y a pas d'argent. Alors les survivants vivent dans des mobilhomes sans âme. Comment conçevoir un avenir dans ces conditions ?

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Il est temps de commencer notre remontée, tranquillement, nous avons encore quelques jours de vacances dans ce pays que décidément, j'aime de plus en plus. Je quitte cette région à la fois boulversée, triste, nostalgique et riche de tout ce que nous avons vécu. Je sens que ces vacances resteront gravées, encore plus qu'à l'accoutumée, dans mon esprit et mon coeur.

 

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